]ment
C’est d’abord le -ment qui nous a sauté aux yeux.
Les substantifs que forge ce préfixe obsèdent les débats publics, saturent le discours, sèment la peur. Que la menace animée par celui-ci réchauffe, change, appauvrisse, harcèle, remplace, effondre, ensauvage… — ou encore confine —, il traduit des périls collectifs, laisse entendre des phénomènes subis, qu’ils soient réels ou élucubrés.
Le dictionnaire décrit un suffixe formateur de substantifs qui expriment, sinon une action, un processus. Dont le complément éventuel correspond généralement au sujet de l’action, sinon agent de l’action, siège de l’événement. Qui expriment une transformation ou une évolution, se déroulant d’elle-même. Qui expriment un état, résultat d’une action ou d’un processus d’évolution.
Quand il fait l’adverbe, le -ment monopolise le champ d’expression des manières. Il se glisse avec une grande facilité pour altérer, nuancer. Étayant une parole, il trahit un besoin embarrassé de précision, accuse un doute, du locuteur ou de l’auditeur.
Le dictionnaire décrit un suffixe formateur de nombreux adverbes qui traduisent une façon d’agir, une manière d’être. Qui traduisent une localisation ou une position dans l’espace ; le moment d’un processus, l’écoulement du temps. Qui traduisent une quantité ou une intensité ; un ordre chronologique ou numérique. Qui traduisent le jugement que le locuteur porte sur l’énoncé, certaines des conditions de production de l’énoncé ; qui indiquent l’attitude du locuteur — et de l’interlocuteur. Qui limitent la portée, la vérité de l’énoncé.
Voici donc le premier numéro d’Affixe dédié au suffixe -ment. Obsessionnellement amoureux, péniblement déconcertant, insatiablement désemparé, épouvantablement insidieux, étrangement révoltant, tendrement merveilleux… Dédé Anyoh, Marie Barbuscia, Lucille Bonato, Iris Kooyman, Tugdual, Maxime Patry, Elie Petit, Sarah Seignobosc, Sephora Shebabo, Noah Truong et Megan Veyrat écrivent et décrivent des -ment singuliers, par le récit d’une perte du sens ou d’une anomalie, une adresse affectueuse, une pensée fugace, l’exploration d’un lexique renouvelé. Ce numéro propose, par son éventail de textes, une définition multi-personnelle et décantée de cet affixe, spécimen éloquent, passe-partout prospère, invitant de même chacune et chacun à sa propre interprétation.
Les substantifs que forge ce préfixe obsèdent les débats publics, saturent le discours, sèment la peur. Que la menace animée par celui-ci réchauffe, change, appauvrisse, harcèle, remplace, effondre, ensauvage… — ou encore confine —, il traduit des périls collectifs, laisse entendre des phénomènes subis, qu’ils soient réels ou élucubrés.
Le dictionnaire décrit un suffixe formateur de substantifs qui expriment, sinon une action, un processus. Dont le complément éventuel correspond généralement au sujet de l’action, sinon agent de l’action, siège de l’événement. Qui expriment une transformation ou une évolution, se déroulant d’elle-même. Qui expriment un état, résultat d’une action ou d’un processus d’évolution.
Quand il fait l’adverbe, le -ment monopolise le champ d’expression des manières. Il se glisse avec une grande facilité pour altérer, nuancer. Étayant une parole, il trahit un besoin embarrassé de précision, accuse un doute, du locuteur ou de l’auditeur.
Le dictionnaire décrit un suffixe formateur de nombreux adverbes qui traduisent une façon d’agir, une manière d’être. Qui traduisent une localisation ou une position dans l’espace ; le moment d’un processus, l’écoulement du temps. Qui traduisent une quantité ou une intensité ; un ordre chronologique ou numérique. Qui traduisent le jugement que le locuteur porte sur l’énoncé, certaines des conditions de production de l’énoncé ; qui indiquent l’attitude du locuteur — et de l’interlocuteur. Qui limitent la portée, la vérité de l’énoncé.
Voici donc le premier numéro d’Affixe dédié au suffixe -ment. Obsessionnellement amoureux, péniblement déconcertant, insatiablement désemparé, épouvantablement insidieux, étrangement révoltant, tendrement merveilleux… Dédé Anyoh, Marie Barbuscia, Lucille Bonato, Iris Kooyman, Tugdual, Maxime Patry, Elie Petit, Sarah Seignobosc, Sephora Shebabo, Noah Truong et Megan Veyrat écrivent et décrivent des -ment singuliers, par le récit d’une perte du sens ou d’une anomalie, une adresse affectueuse, une pensée fugace, l’exploration d’un lexique renouvelé. Ce numéro propose, par son éventail de textes, une définition multi-personnelle et décantée de cet affixe, spécimen éloquent, passe-partout prospère, invitant de même chacune et chacun à sa propre interprétation.